« J'ai l'impression que ce qui caractérise ma vie c'est le combat », dit Fadéla M'Rabet. Un combat , hier , pour l'indépendance de l'Algérie , un combat , aujourd'hui , contre les préjugés et des pratiques qui font obstacle à la construction du pays où chacun pourrait réaliser en toute liberté , et dans l'intérêt de tous , les richesses qu'il porte en lui.
Une poussière d'étoile n'est pas, pour autant, un pamphlet. C'est l'analyse lucide d'une société en perdition, où les valeurs les plus indiscutables &ndash égalité des hommes et des femmes, respect des citoyens, liberté de conscience &ndash sont constamment bafouée. Fadéla M'Rabet le dénonce d'une façon d'autant plus vivante que , loin de théoriser , elle raconte , brosse un portrait , décrit un comportement , rapporte des propos et par là même met en lumière la schizophrénie de la société algérienne : d'une part , la permanence d'attitudes et de croyances qui l'empêchent d'accéder à la modernité , tel le mépris ancestral de la femme &ndash distribuant à des paysans des titres de propriété , Boumediene hésite un long moment avant d'en remettre un à une femme dont le mari ne peut se déplacer -, de l'autre , les dérives qui lui dont assimiler les valeurs les plus aliénantes des sociétés européennes : le culte de l'argent , le primat de la consommation , le libertinage , confondu avec la liberté , l'inexistence de tout désir de changer le monde , l'absence de tout esprit critique et , à la limite , de toute spiritualité.
Réalité désespérante ? Nullement : « Pare qu'il nous reste le désir de comprendre. Comprendre() pour vivre quand même sans attendre le bonheur. (Le reconnaître) quand il est là. Se dire que la vie n'est pas une paix de longue durée, mais l'addition de sourires, de regards, de geste inachevés , d'élans ébauchés , cette somme d'instants qui nous ont illuminés ».Il y a, chez Fadéla M'Rabet , un amour têtu de la vie &ndash de la vraie vie &ndash qu'elle nous propose de partager : d'où cette dénonciation , dans un style fluide et élégant , des mirages qui si souvent nous abusent et des faussetés qui nous égarent.
Fadéla M'Rabet est docteur en biologie. A la suite de la publication de La femme algérienne (Maspero 1965) et Les Algériennes (Maspero, 1967), elle a été interdite d'enseignement, de médias et a du quitter l'Algérie.
Parisienne, elle a été maitre de conférences et praticien des hôpitaux à Broussais Hôtel-Dieu.
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