L'itinéraire poétique de Merah est entamé sous le signe de l'absurde et le quotidien (1982), un recueil de vingt-huit poèmes ronéotypés de manière très artisanale. Ces textes tirés, redistribués et augmentés, sont repris une décennie plus tard dans deux jolies plaquettes : Du rêve à l'éphémère de l'éphémère au rêve et le chemin de ma route (1992) , soit trente-neuf et trente-cinq poèmes. Le poète se lamente ou crie son mal de vivre dans une quotidienneté aussi insupportable qu'incertaine, tant le non-sens domine toute relation, y compris amoureuse (avec parfois un discret érotisme) , sujet suprême chez Merahi . Pour conjurer son sort de « paria » dans la cité, le créateur rend hommage à l'illustres aînés qui ont été le ferment de sa vie : Djamel Amrani , Bachir Hadj Ali , Mouloud Feraoun , Jean Sénac , ou fait appel à l'amitié de ses compagnons d'infortune , les jeunes poétes de l'époque : Kamel Bencheikh , Abdelmadjid Kaouah. Mais « les mots ne mènent à rien », ce ne sont que des « cris en papier » (…)
Nous y retrouvons les mêmes hantises-préoccupations et les mêmes dédicataires, auxquels sont joints le critique littéraire Jean Déjeux (1921-1993), qui venait de mourir, et un double hommage appuyé à Tahar Djaout (1954-1993), qui venait d'être assassiné. En cette année 1993, le suicide qui guettait le poète reste mineur par rapport aux circonstances du dehors où la mort triomphe. Les travers d'une société, sinon d'un peuple, sont dénoncés : le cauchemar est là que ne peut résoudre ni l'énigme des origines ni le départ retardé vers ailleurs.
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