Livre d'occasion ( Bon état )
Paul Morand est tout entier dans ses lettres. On croirait un télex qui dévide, sans liaisons apparentes, des dépêches de quelques lignes informations d'un envoyé spécial, bribes d'un discours politique, résultats sportifs, critiques littéraires, faire-part, caprices de la mémoire, conseils de santé, essais d'une nouvelle voiture, recettes de cuisine, anniversaires. Ce silencieux qui s'esquivait avec une rare adresse, brûlait du désir de communiquer ce qu'il savait de son temps comme s'il voulait que rien ne se perdit. Cet incomparable épistolier offrait de fulgurantes visions sur la politique, les moeurs, l'histoire ou sur les élans du coeur, à des correspondants qui se nomment Jean Giraudoux, Pierre Laval, Jacques Chardonne, Roger Nimier, Kléber Haedens, Michel Déon, Antoine Blondin, Pascal Jardin, à des correspondantes qui se nomment la comtesse René de Chambrun, Josette Day, Ginette Guitard-Auviste. Le risque est grand de trouver des traits qui blessent, des contradictions amusantes, des vérités pour les uns qui réapparaissent plus loin comme de pieux mensonges pour d'autres, mais ce qui éclate le plus, c'est la générosité. L'homme était aussi grand que son oeuvre.
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