Entre 1954 et 1963 la république fédérale d'Allemagne a connu une période de mutations importantes sur fond de tensions internationales. La guerre d'Algérie y fut perçue comme une menace pour ses relations avec la France : alors que Paris exerçait de fortes pressions afin d'obtenir une solidarité sans faille, Bonn se trouva progressivement exposée à celles des États arabes, éléments de sa politique et de son commerce extérieurs. La marge de manoeuvre de Konrad Adenauer était d'autant plus colonialisme quand la RDA apportait aux Algériens un soutien spectaculaire apprécié du tiers-monde.
L'arrivée d'Algériens sur son territoire multiplia les problèmes : des Allemands s'engagèrent en faveur de l'indépendance, des incidents se produisirent, le territoire devint une plaque tournante du trafic d'armes à destination de l'ALN, le nombre important d'Allemands dans la Légion étrangère créait une insatisfaction chronique...
Largement répercutés par les médias, divers incidents, dont les agissements de Main Rouge, les arraisonnements répétés de navires allemands par la Royale, perçus comme un terrorisme d'État et une atteinte à la souveraineté, finirent par discréditer la cause française dans l'opinion, situation que n'améliora pas l'arrivée de membres de l'OAS.
Adenauer se trouva contraint de louvoyer. En dépit de la crise de Berlin, Bonn évolua d'une priorité française évidente vers une position plus équilibrée- ce qui ne fut possible qu'a travers une répartition des tâches entre gouvernement et parlementaires, y compris de l'opposition.
Jean-Paul Cahn est professeur à l'université de Paris XII. Klaus-Jürgen MÜLLER, docteur honoris causa, ancien président du Comité des historiens franco-allemands, est professeur émérite des universités de Hambourg et de la Bundeswehr.
 
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