En Afrique et plus tard en Espagne avec un sens plus localisé, le martyre des derniers Almoravides, traqués par les Almohades et les chrétiens, ne fut pas sans écho dans le Djurdiura, car le montagnard, libre-penseur, sinon très libéral dans ses croyances, ne pouvait admettre une religion d'oppresseurs et de fanatiques- Les atteintes portées à la liberté de conscience ne purent que révolter les sentiments du montagnard amateur sincère de toutes libertés. Les victimes de la tyrannie religieuse, quelles qu'elles soient et en tous temps, ne trouvaient chez lui que sympathie et protection.
Quant au changement de régime entrevu, le sol kabyle ne se prête guère à la culture de plantes exotiques : à côté de l`olivier séculaire et du chêne vigoureux qui couvrent les flancs rocheux du Thamgout, le frêle palmier de l'Arabe ne peut v vivre.
Devant une opposition aussi catégorique, la loi coranique se trouva donc impuissante à s'implanter dans la cité kabyle : le caractère théocratique de la législation musulmane ne pouvait s`allier avec l'esprit essentiellement républicain de la population kabyle. Les grands bouleversements, survenus en Berbérie dans les premiers temps de l'islam en Afrique, n'ont été, sans doute, provoqués par les schismatiques berbères qu'a la suite de la méconnaissance de ce principe. Pour nos Kabyles du Djurdjura, cette méprise, ou plutôt cette confusion de pouvoir, ne se produisit pas, puisque la loi laïque du montagnard ne tolère, dès le début, aucun empiètement sur son domaine social et politique.
Fiers de leurs kanouns séculaires, respectueux des principes de leur vieille charte, sur laquelle était basée leur société d'essence démocratique et laïque, les Alt Djennad, comme les autres tribus appelées à se prononcer sur la révision de leur constitution, décidèrent de n'accepter de la charia dont le peuple ne comprenait d'ailleurs ni le sens ni les termes, que les articles qui n'étaient pas en opposition catégorique avec leur statut personnel.
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