Liminaires et notes critiques de Abderrahmane Rebbahi
Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? Les plus fameux n'ont fondé (quand ils ont fondé quelque chose) que des puissances matérielles écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité  mais il a remué de plus des autels, des dieux, des religions, des idées, des croyances, des âmes  il a fondé, sur un livre dont chaque lettre est devenue loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toute langue et de toute race, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel. Ce patriotisme vengeur des profanations du ciel fut la vertu des enfants de Mahomet  la conquête du tiers de la terre à son dogme fut son miracle, ou plutôt ce ne fut pas le miracle d'un homme, ce fut dans la lassitude des théogonies fabuleuses, avait en elle-même une telle vertu, qu'en faisant explosion sur ses lèvres, elle incendia tout les vieux temples des idoles et alluma de ses lueurs un tiers du monde.
Cet homme était-il un imposteur ? Nous ne le pensons pas, après avoir bien étudié son histoire. L'imposture est l'hypocrisie de la conviction. L'hypocrisie n'a pas la puissance de la conviction. L'hypocrisie n'a pas la puissance de la convictions, comme le mensonge n'a jamais la puissance de la vérité.
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