Livre D'occasion
L'Occident a hypostasié l'amour avant de la banaliser. En revanche, l'Islam en faisant du corps de la femme un objet désiré, redouté, le réduit. Une légende tenace veut que l'amour dans la société kabyle traditionnelle n'existe pas. La langue n'a pas de mot pour le dire. Le discours ordinaire le gomme, la grande poésie réservée aux thèmes majeurs de la religion ou de la guerre ne le traite qu'à coups d'allusions métaphoriques et lointaines. Enfin le nif, le code souvent rigoureux de l'honneur, dont le sens commun fait l'essence même de la kabylité, l'ignore ou bien souvent le réprime dans la tragédie. Le cas du poète kabyle Si Mohand, célèbre pour avoir chanté l'amour, est trop personnel pour servir de contre-argument. Ce livre s'inscrit en faux contre cette idée reçue. Il montre quelle place tenait dans la société kabyle un sentiment qui a donné lieu à toutes les variations d'une littérature abondante et souvent de grande valeur. Eros nu, ou passion sublimée, les izlan "chantent" sur tous les tons, ils disent tout le non-dit que le discours légitime élude. Divers, ramassés sur l'essentiel, ils remplissent la fonction vitale de recréer les droits et les voix de l'individu au sein d'une société par ailleurs très régulée. L'auteur comble ainsi une importante lacune dans l'image, jusqu'ici tronquée, que l'on se faisait de la poésie kabyle traditionnelle
 
 
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