Le 26 mars 1957, on apprend la mort de Maître Ali Boumendjel arrêté 43 jours plus tôt par les parachutistes français. Il se serait jeté par la fenêtre pour leur échapper. Mais très vite, on parle de faux suicide, et on s'interroge : que faisait donc ce « modéré » entre les mains des «paras » ? Pourquoi a-t-il été assassiné, comme le reconnaîtra le général Aussaresses dans ses mémoires en 2001?
L'homme était un militant de l'Union démocratique du Manifeste Algérien (UDMA l'organisation de Ferhat Abbas. Au moment de son arrestation, Ali Boumendjel faisait le lien entre la direction de l'UDMA et la direction algéroise du FLN. Il conjuguait alors, comme il l'avait toujours fait, sans complexe, la culture française avec un nationalisme Algérien républicain et démocratique.
Il y a plusieurs histoires dans cette histoire : celle d'un héros et d'un martyr, celle d'une affaire qui a secoué les intellectuels français. L'une et l'autre éclairent d'une lumière nouvelle les récits existants.
Au mépris qu'Aussaresses affiche à l'égard de cet intellectuel, aux abracadabrantes explications qu'il donne de son arrestation, il est nécessaire d'opposer un travail d'historien. A l'histoire officielle Algérienne, qui tente d'intégrer Ali Boumendjel parmi ses martyrs en schématisant son parcours, il importe d'opposer la richesse d'une biographie familiale, la complexité d'un engagement politique nuancé et d'un idéal à la fois Algérien et républicain, partagé par nombre de nationalistes d'alors.
Un travail inédit qui marque un tournant décisif dans l'approche biographique des figures &ndash discrètes ou célèbres &ndash, de la révolution Algérienne. Avec une rigueur exemplaire, la démonstration de l'auteure se déploie, documentée, exigeante et sensible. Une étude passionnante.
Agrégée d'histoire, Malika Rahal est Lecturer à la School of Politics and International Relations de l'Université de Nottingham au Royaume-Uni et chercheuse à l'Institut d'Histoire du temps présent de Paris (CNRS). Spécialiste de l'histoire de la colonisation française en Algérie, elle a soutenu une thèse en 2007 intitulée « Histoire de l'UDMA de Ferhat Abbas ».
 
 
 
Votre panier : | Fermer |