Cette oeuvre est une autobiographie de mon enfance. J'y relate la situation de la Casbah des années quarante, une sombre période qui marqua la mémoire collective. Dans les quartiers populaires, les « quartiers arabes » comme les désignaient les « pieds noirs » mais aussi, dans les villes et villages du pays profond, des familles meurtries par les affres d'une guerre qui n'était pas la leur, endurèrent les pires souffrances. En proie à la malnutrition, confrontée à des épidémies dévastatrices sans pouvoir s'en protéger, méprisée par les gouvernements d'alors, la population arabe fut abandonnée à son terrible sort. En douze chapitres, chacun traitant un sujet différent, je décris les joies et les peines des personnes que j'ai eu à côtoyer dans mon jeune âge : ma propre famille, mes voisins et mes camarades, leurs aspirations, leurs frustrations et aussi, leurs superstitions. Usant des anecdotes tirées du réel, je dépeins les moeurs qui régissaient la vie de tous les jours dans Soustara, le quartier qui m'a vu naître, et aussi les rapports entre voisins, entre gens honnêtes et délinquants (deux mondes opposés qui se côtoyaient sans se fréquenter), entre Algériens et Français. Je raconte mes frayeurs durant la Deuxième guerre mondiale, notre fuite à la campagne, après la chute d'une bombe qui n'explosa pas heureusement et le séjour idyllique dans la région de mes ancêtres. Afin de rendre, aussi fidèlement que possible, l'atmosphère de l'époque, j'ai tenté de me plonger dans mon passé, à la recherche de souvenirs vieux de plus d'un demi siècle. Et c'est avec beaucoup d'émotion que je me suis remémoré certains événements, certaines scènes. Faire parler un enfant de douze ans n'a pas été facile, je l'avoue. Je me suis efforcé de trouver les mots, les phrases que je pensais les mieux adaptés à un langage juvénile, sans être certain d'avoir totalement réussi. Afin de donner un cachet authentique au récit, j'ai introduit des expressions en langue arabe et kabyle. Cette forme d'écriture peut paraître maladroite, j'y ai eu recours sciemment avec, comme arrière-pensée, le désir d'affirmer mon appartenance à mes origines.
 
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